L’orgue de chœur

La cathédrale de Saint-Malo comportait un orgue de chœur dès le début du XVIIIe siècle. Ce premier instrument a été remplacé par un orgue de Cavaillé-Coll, installé en 1846 à l’occasion du réaménagement du chœur en style néogothique. Cet instrument est resté dans la cathédrale jusqu’en 1980, date de l’inauguration du grand orgue : il a alors été vendu à la paroisse de Tinténiac où il se trouve encore aujourd’hui.

La construction d’un orgue de chœur était devenue nécessaire, la fonction d’accompagnement de l’assemblée, ainsi que de soliste, étant dévolue au grand-orgue, suivant la tradition française, lui-même étant trop éloigné par rapport au chœur ; elle a été rendue possible grâce au legs d’une paroissienne Mme Simonne Faisant-Heurtaud décédée en 1999.

La Manufacture KOENIG a été invitée par les autorités diocésaines et paroissiales, en plein accord avec les musiciens du culte, à concevoir et réaliser ce projet qui allait compléter le grand-orgue construit en 1980.

La composition des jeux est assez typique des orgues de chœur construits en France depuis la seconde moitié du XIXème siècle, et correspond aux exigences du répertoire religieux que le nouvel orgue est destiné à accompagner.

Pour autant, cet orgue n’a pas été uniquement conçu comme un instrument romantique puisqu’il devait pouvoir répondre au grand-orgue.

L’instrument, placé dans la 1ère ogive Nord du chœur du XIIIème siècle, présente un buffet en chêne réalisé dans le style des orgues français du XVIIIème siècle, conçu pour s’harmoniser au mieux avec le mobilier en place dans l’édifice (stalles, chaire…).

La tourelle centrale devait être suffisamment large pour y loger la boîte expressive du Récit : il a donc été fait le choix d’une tourelle trilobée (quelque peu inspirée du Positif de Sainte-Croix de BORDEAUX) pour allier l’élégance aux impératifs techniques.

Étant donné la disposition assez inhabituelle de la cathédrale, avec son chœur gothique situé en contrebas de la nef romane, étant donné aussi l’usage souhaité pour les concerts, deux consoles ont été réalisées : la première est fixe, retournée, à transmission mécanique réalisée en fibres de carbone afin d’alléger au maximum le toucher pour l’organiste et de minimiser l’élasticité liée à la longueur importante de mécanique entre les claviers et le buffet.

La seconde console est à transmission électrique et mobile. Elle permet l’usage de commodités telles que les octaves graves ou aigües.

Les deux consoles sont dotées d’un même combinateur électronique installé par la société « DIESE INFO ».

La double transmission a permis la réalisation d’un Bourdon 32’ acoustique à la Pédale.

L’harmonie de l’instrument a été réalisée in situ, afin de tenir compte des paramètres acoustiques de la cathédrale. Les hauteurs des bouches ont été calculées pour obtenir une harmonie chaleureuse, chantante et sans agressivité. Le diapason est de 440Hz pour le La à 15°C, le tempérament est légèrement inégal (de type NEIDHARDT)

Il comporte deux consoles (l’une fixe à transmission mécanique, et l’autre mobile à transmission électrique) pour 18 jeux répartis sur 2 claviers manuels et un pédalier :

I. GRAND ORGUE

Bourdon 16’
Montre 8’
Flûte 8’
Bourdon 8’
Prestant 4’
Doublette 2’
Plein jeu V

II. RECIT (Exp)

Gambe 8’
Voix céleste 8’
Bourdon 8’
Flûte 4’
Flageolet 2’
Sesquialtera II
Trompette 8’
Hautbois 8’

PEDALE

Bourdon 32’
Soubasse 16’
Flûte 8’

Cathédrale Saint-Malo grand orgue

Le grand orgue de tribune

Après bien des vicissitudes, un nouveau grand orgue de tribune a été construit en 1980, grâce à un legs, par Jean-Georges et Yves KOENIG, très inspiré par la tradition française développée dans « L’Art du Facteur d’Orgues » de Dom BEDOS, non sans certaines ouvertures stylistiques, de sorte qu’un large répertoire s’y adapte très heureusement.

Cet instrument, qui comportait initialement 35 jeux répartis sur quatre claviers et pédalier, en comporte désormais 41, après un grand relevage en 2018, dont la charge financière a été principalement assurée par la commune propriétaire.

La conception initiale s’appuie sur les expériences de la décennie précédente, et les tailles des tuyaux sont fidèles à l’orgue classique français qui faisait  déjà la réputation de la Maison KOENIG.

Si la base de la composition des jeux repose, en effet, sur le « grand huit pieds » de Dom BEDOS, on y trouve un certain nombre d’innovations.

Ainsi le Bourdon 16’ du Grand-Orgue est ouvert à partir du 2e La pour se poursuivre en une Montre 16’ assez douce, postée en façade pour les plus grands tuyaux.

La Montre 8’, également en façade dans les basses, comporte dans l’aigu deux tuyaux par note, ce qui permet d’obtenir un dessus qui porte la mélodie sans forcer les tuyaux.

Par ailleurs, le clavier d’Echo, doté de quelques jeux romantiques, devait apporter une certaine ouverture vers une littérature plus variée.

Néanmoins, ce clavier trouvait essentiellement sa justification initiale dans l’accompagnement de la chorale (qui alors était prévue pour chanter à la tribune, laquelle a été dimensionnée en conséquence) d’avantage que pour l’interprétation des grandes œuvres romantiques.

Une autre particularité est d’avoir placé le chœur d’anches sur un quatrième clavier, permettant à ce dernier de compléter aussi bien le Grand-Orgue que la Pédale, mais permettant aussi d’obtenir un cantus firmus très équilibré et très élégant, par rapport au grand Plein-Jeu.

C’est également le premier orgue KOENIG réalisé avec des pressions différenciées entre le grave et l’aigu, tant au Grand-Orgue qu’au 4e clavier, ces deux plans sonores étant disposés sur les mêmes sommiers, avec répartition par gravures alternées : les basses latéralement, les dessus au milieu, avec le Cornet posté derrière la façade.

Le grand buffet devait dégager au maximum le vitrail (de Max INGRAND) placé derrière l’orgue, afin d’obtenir l’accord de l’architecte des Monuments Historiques.

Très rapidement, c’est un buffet à quatre tourelles qui s’est imposé, les deux grandes tourelles, disposées latéralement, contenant la Pédale.

Au Positif de dos, la disposition inverse a été proposée, avec une grande tourelle au centre. Cette disposition correspond tout à fait à la tradition française. Le résultat peut rappeler l’orgue de DOLE DU JURA,  ou bien celui de Saint-Bénigne de DIJON, mais avec des dimensions moins imposantes, puisque la façade ne commence qu’au Fa # de douze pieds.

Pour l’implantation des différents plans sonores manuels, on a privilégié un emplacement permettant d’installer une mécanique suspendue sans renvoi ; la console des claviers étant placée en fenêtre dans le soubassement du grand buffet, le Grand-Orgue et le 4e clavier sont placés à l’aplomb des claviers et fonctionnent par vergettes et abrégés.

Il y a dès lors peu de pièces en mouvement, permettant un toucher léger et dynamique.

Le Positif fonctionne par pilotes foulants et vergettes ; l’Echo par vergettes et balanciers.

Seule la Pédale possède un cheminement moins direct, rendu nécessaire par sa disposition plus éloignée de la console.

L’alimentation en vent est assurée par un soufflet à plis pour chaque clavier, sauf sur les claviers à pressions différenciées qui en comportent deux.

Les sommiers à gravures sont de conception tout à fait traditionnelle avec des soupapes étroites, mais suffisantes pour alimenter la tuyauterie dans ses mélanges habituels.

Cathédrale Saint-Malo orgue console
Cathédrale Saint-Malo orgue tuyaux

Toute la tuyauterie a été réalisée en métal martelé : alliage à 85% d’étain pour les principaux, les plein-jeux et les anches ; étoffe, soit un alliage à 20% d’étain et 80 % de plomb pour les bourdons ; les jeux flûtés composant le jeu de tierce sont en étoffe martelée, suivant la tradition française du XVIIIème siècle.

Les tailles sont assez larges afin d’apporter la puissance nécessaire au volume de la cathédrale, sans se départir de sonorités chaleureuses et d’une certaine poésie.

Les plein-jeux ne sont pas trop aigus, puisque le plafond progressif ne dépasse pas dans le haut du clavier le 1/8 de pied. Les reprises sont décalées pour éviter toute rupture dans la musique polyphonique. Le grand-jeu français apporte son éclat grâce aux pressions différenciées entre le grave et l’aigu.

L’harmonie préparée en atelier a été adaptée dans l’acoustique de la cathédrale, durant l’été 1980.

I. POSITIF

Montre 8 ’
Bourdon 8’
Prestant 4’
Flûte 4’
Nasard 2’ 2/3
Quarte 2’
Tierce 1’ 3/5
Larigot 1’ 1/3
Fourniture III
Cymbale II
Voix humaine 8’
Cromorne  8’
Trompette 8’

IV. BOMBARDE

Flûte 8’
Bombarde 16’
1° Trompette 8’
2° Trompette 8’
Clairon 4’
Cornet V

II. GRAND ORGUE

Montre 16’
Montre 8’
Bourdon 8’
Prestant 4’
Doublette 2’
Fourniture III
Cymbale V
Grosse Tierce 3’ 1/5

PEDALE

Contrebasse 16’
Soubasse 16’
Flûte 8’
Prestant 4’
Fourniture V
Bombarde 16’

III. ECHO

Salicional 8’
Unda Maris 8’
Bourdon 8’ 1°
Flûte 4’ 2°
Flûte 2’
Cornet II
Piccolo 1’
Hautbois 8’

L’orgue coffre

Ce petit instrument mobile de quatre registres a été réalisé en 1982.

Initialement prévu pour l’accompagnement des offices dans la chapelle du Saint-Sacrement, cet orgue a très vite été utilisé pour dialoguer avec le grand-orgue dans la liturgie dominicale.

Depuis 2014 et l’installation de l’orgue de chœur, l’orgue coffre a retrouvé sa place dans l’élégante chapelle baroque de la cathédrale, restaurée et embellie grâce au même legs.

Il sert régulièrement à l’accompagnement d’offices, mais aussi au continuo lors des concerts du Festival de Musique Sacrée, ou encore  en fonction soliste, notamment dans la musique concertante avec orgue (concertos de HAENDEL, sonates d’église de MOZART, messes avec orgue obligé de HAYDN…).

Il comporte 4 jeux répartis sur un seul clavier :

Bourdon 8’
Flûte 4’
Doublette 2’
Cymbale II

La particularité de ces trois instruments est qu’ils ont été conçus en accord direct avec le maître d’ouvrage, lequel a laissé au facteur d’orgue une large initiative créatrice.

« L’entreprise basée en Alsace fabrique les instruments, les entretiens, les restaure si nécessaire »