La grande statue médiévale placée dans l’axe du collatéral nord est la plus ancienne de toutes. Son déhanchement, la raideur de ses traits, les plis de la robe pas trop recherchés sont caractéristiques du gothique tardif. Le geste de la Vierge tenant l’Enfant Jésus caressant de sa main gauche un oiseau qui lui picote la main droite de son bec est gracieux et caractérise encore le 15e siècle.
Cette très belle œuvre a été sculptée dans du calcaire de la vallée de la Seine en amont de Rouen.
Sa commande paraît liée à la construction de la Grand Porte actuelle des remparts de la ville d’où son appellation.
On sait en effet qu’en 1438, l’évêque Pierre Piédru passa un accord avec le seigneur de Châteauneuf dont relevait la paroisse voisine de Saint-Servan afin d’y utiliser les sources de cette dernière pour alimenter la pompe publique de la Grand Porte. Or, cette année 1438 correspond idéalement avec le style de la statue de la Vierge. On sait d’autre part, que Pierre Piédru avait été antérieurement évêque de Tréguier dans le diocèse duquel la Vierge est honorée sous le vocable particulier de Notre-Dame de Bon-Secours, à l’actuelle basilique éponyme de Guingamp.
Lorsque les Cordeliers fondèrent un monastère dans l’île de Cézembre, ils placèrent leur église sous le même vocable. Après le grand incendie de 1661 qui détruisit en une soirée et une nuit 287 maisons de bois Intra-Muros, le Père Vincent Huby, célèbre prédicateur jésuite exhorta les Malouins à se placer sous la protection de la Sainte Vierge.