Notre Dame
de la Grand Porte

La grande statue médiévale placée dans l’axe du collatéral nord est la plus ancienne de toutes. Son déhanchement, la raideur de ses traits, les plis de la robe pas trop recherchés sont caractéristiques du gothique tardif.  Le geste de la Vierge tenant l’Enfant Jésus caressant de sa main gauche un oiseau qui lui picote la main droite de son bec est gracieux et caractérise encore le 15e siècle.

Cette très belle œuvre a été sculptée dans du calcaire de la vallée de la Seine en amont de Rouen.

Sa commande paraît liée à la construction de la Grand Porte actuelle des remparts de la ville d’où son appellation.
On sait en effet qu’en 1438, l’évêque Pierre Piédru passa un accord avec le seigneur de Châteauneuf dont relevait la paroisse voisine de Saint-Servan afin d’y utiliser les sources de cette dernière pour alimenter la pompe publique de la Grand Porte. Or, cette année 1438 correspond idéalement avec le style de la statue de la Vierge. On sait d’autre part, que Pierre Piédru avait été antérieurement évêque de Tréguier dans le diocèse duquel la Vierge est honorée sous le vocable particulier de Notre-Dame de Bon-Secours, à l’actuelle basilique éponyme de Guingamp.

Lorsque les Cordeliers fondèrent un monastère dans l’île de Cézembre, ils placèrent leur église sous le même vocable. Après le grand incendie de 1661 qui détruisit en une soirée et une nuit 287 maisons de bois Intra-Muros, le Père Vincent Huby, célèbre prédicateur jésuite exhorta les Malouins à se placer sous la protection de la Sainte Vierge.

En 1793, les fleurons fleurdelysés de la couronne et le sceptre de la Vierge furent brisés, puis la statue fut remisée hors de la vue du public. Elle fut rétablie dès que les circonstances le permirent, mais il fallut une pétition pour exiger sa remise en place lors de nouveaux travaux à la Grand Porte en 1843. En 1887, l’oratoire de la Vierge fut à nouveau restauré et bénit.

Sans les premiers jours de l’Occupation allemande en 1940, le curé de la paroisse fit vœu d’organiser chaque année une journée de prière en l’honneur de Notre-Dame de la Grand Porte. La ville de Saint-Malo fut malheureusement sinistrée à près de 80 % pendant les combats de la Libération à partir du 6 août 1944, la population civile intra-muros (environ un millier de personne) et les 400 otages du fort National furent libérés dès le 13 août, mais la statue de la Vierge fut brisée.

Le chanoine Julien Descottes et le chanoine Victor Roslais, curé-archiprêtre de la cathédrale se firent alors les zélés promoteurs de la Vierge protectrice de Saint-Malo depuis sa remise en place en 1948 jusqu’à son couronnement en 1958. Depuis, tous les ans est organisée une procession aux flambeaux sur les remparts le soir de la solennité de l’Assomption.

Après une dernière restauration en 2002-2003, la statue originale du 15e siècle a été transférée à la cathédrale pour des raisons de conservation et une réplique à la Grand Porte, marquant ainsi une étape supplémentaire dans la concentration des dévotions de ville dans la cathédrale.